Le Prince de la Maison de David- Lettre 19

Lettre XIX

Mon cher père,

La visite du Prophète Jésus à la ville a produit des résultats du plus étonnant caractère. Ses nombreux miracles, opérés en plein jour par une parole ou par un regard ou un toucher ou un commandement ; la puissance de sa prédication ; l’excellence de ses doctrines, qui sont évidemment divines ; son affirmation claire qu’Il est le véritable Christ, ont tous contribué à amener les premiers hommes d’Israël, aussi bien les dirigeants que le peuple, à croire en Lui ! Pendant les quatre jours où Il demeura à la maison de mon oncle Amos, les principaux hommes de la ville vinrent L’écouter et, si possible, voir quelque miracle accompli par Lui. La prêtrise est divisée. Caïphe L’a reconnu publiquement comme un prophète, alors qu’Anne a publiquement déclaré qu’Il est un imposteur ; et ainsi deux parties se sont formées dans la ville, conduites par les deux prêtres et la plupart des hommes ont pris le parti de l’un ou de l’autre. Mais la majorité du peuple ordinaire est en faveur de Jésus, croyant qu’Il est le Christ. Les Pharisiens, pour la plupart, sont opposés à Lui, car Il réprimande intrépidement leurs péchés et hypocrisie ; et quoique ils Le craignent, ils Le haïssent et Le détruiraient car Il prêche si clairement contre leur méchanceté que le peuple a cessé de les respecter. Même Nicodème, qui d’abord était porté à L’accepter comme un prophète, trouvant que les Pharisiens étaient contre Lui et ne voulant pas perdre sa popularité auprès d’eux, s’éloigna de la maison où Jésus était, le jour ; mais sa curiosité d’apprendre plus de Lui le conduisit à visiter le saint Prophète secrètement la nuit. Il le fit deux fois, venant seul dans l’obscurité et son ami Rabbi Amos le laissant entrer. Ce que fut le résultat de ces entretiens, je ne peux te le dire que du récit de Marie. Elle surprit leur conversation, sa fenêtre ouvrant sur le corridor où Jésus était assis après le souper, seul au clair de lune pendant une heure, fixant le ciel, méditatif.

Ses traits pâles et ciselés semblaient rayonnants dans le blanc clair de lune comme le marbre et comme la glace quand Rabbi Amos vint et annonça le dirigeant Nicodème, qui désirait parler avec Lui.

“Dis-lui d’entrer et de me voir s’il a quelque chose à me dire” répondit le Prophète en se tournant vers lui.

“Nicodème” ajouta ma cousine Marie “vint alors dans le corridor, soigneusement enveloppé dans son manteau ; et regardant tout autour pour s’assurer qu’il n’était pas vu. Il le retira de sa face et, se courbant avec révérence, il dit au Prophète :

‘Pardonne-moi, o Rabbi, de venir à toi la nuit, mais le jour ton temps est pris par la guérison et l’enseignement. Je suis content de te trouver seul, grand Prophète, car je voudrais te demander beaucoup de choses.’

‘Parle Nicodème et je vais écouter tes paroles’ répondit le Prophète.

‘Rabbi’ dit le dirigeant des Pharisiens, ‘je sais que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces choses que tu fais si Dieu n’est pas avec lui.[1] Que tu es  un puisant Prophète, je le crois, comme le font tous les hommes. Mais es-tu le Messie ? Dis-le nous clairement.’

‘Si je te le dis, Nicodème, tu ne croiras pas’ répondit Jésus, doucement. ‘Je vais te poser une question : d’où vient le Christ ?’

“ ‘Il est le Fils de David et vient de Béthléhem.’

‘Tu as bien répondu. Rabbi Amos te dira qu’il a examiné les registres. Demande-lui de qui est-il fils celui qui te parle.’

‘Le fils de Joseph et Marie de la lignée de la maison de David’ répondit Rabbi Amos. ‘Le registre de la naissance de ce prophète, je l’ai vu, o Nicodème, Caïphe également, et beaucoup d’autres. Tu peux l’examiner toi-même, si tu viens au Temple demain avec moi.’

‘Ta parole suffit, o Rabbi Amos ; car qui jamais sait que tes lèvres disent le mensonge ?’

‘Le même registre montre que le grand Prophète, maintenant parmi nous, était né à Béthléem aux jours du recensement’ répondit Rabbi Amos.

‘Alors d’où vient, o Prophète, que tu sortes de Nazareth de Galilée ?’ demanda Nicodème, avec doute.

‘Je vais te le dire, Nicodème’ répondit Jésus. ‘Ma mère habitait Nazareth et, au moment où elle séjournait à Béthléem pour être enregistrée dans la ville de sa propre famille, ville de David, j’étais né ! Ainsi, je suis de la lignée de David, de la ville de Béthléem et aussi, il fut prophétisé de moi, un Nazaréen. As-tu encore plus à demander ? Crois-tu ?’

‘Oui Seigneur, mais comment les Prophètes disent-ils que le Messie sera un roi et dominera sur toute la terre ?’

‘Mon royaume, o dirigeant des Pharisiens, n’est pas de ce monde ! Je suis réellement roi, mais d’un royaume spirituel. Mon royaume, contrairement aux royaumes terrestres, n’a pas de fin ; et ceux qui deviennent ses sujets doivent naître de nouveau, sinon ils ne peuvent pas le voir !’[2]

‘Naître de nouveau’ répondit Nicodème, avec surprise ‘comment un homme peut-il naître une seconde fois après être devenu un adulte ? O Rabbi, tu parles en paraboles.’[3]

‘Tu es un sage des Pharisiens et un maître en Israël et tu ne sais pas ce que je te dis ?’ répondit le Prophète ‘en vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau d’esprit, il ne peut entrer dans mon royaume. Celui qui est né d’Adam est de la chair et du royaume de Satan, duquel était Adam ; mais celui qui naît de nouveau, naît un homme spirituel et est dans mon royaume. Car je suis venu bâtir un royaume sur les ruines du sièges de Satan. Ne sois pas alors étonné quand je dis que les fils d’Adam doivent naître de nouveau pour être fils de Dieu. Si vous voulez entrer dans mon royaume et vivre éternellement, vous devez naître de nouveau, même d’eau et d’esprit.’[4]

‘Comment ces choses peuvent-elles être ? Je te pris Maître, explique afin que je puisses savoir ce que ce mystère signifie. Comment un homme peut-il naître quand il est âgé ?’

‘Quoi ! Tu trébuches au seuil même de la doctrine de mon royaume, o Pharisien ? Si tu ne peux pas croire les choses terrestres , comment comprendras-tu les choses célestes que tu cherches à connaître ? Celui qui voudrait être mon  disciple, doit naître de nouveau ! Ta première naissance est sous la puissance de Satan qui gouverne le monde, comme c’est le cas maintenant, dans la servitude ; ta seconde naissance sera dans le royaume de Celui qui est venu détruire le royaume de Satan et ériger le sien. Cette naissance est spirituelle.’

“Sur ce, Nicodème se leva et dit, avec un hochement incrédule de la tête :
‘Je t’entendrai de nouveau, o Rabbi, sur ce sujet concernant la nouvelle naissance dont tu parles.’

“Quand Nicodème Le quitta, Rabbi Amos dit ‘est-ce réellement vrai, o Maître, que tu dois établir un royaume ?’

 

‘Oui, Rabbi Amos, un royaume dans lequel demeure la justice’ répondit le Prophète.

‘Et toutes les nations nous payeront-elles le tribut ?’

 

‘Tu ne sais pas ce que tu dis, o Rabbi. Mais le voile sera ôté de tes yeux quand tu verras le Fils de l’homme élevé sur son trône, comme Moïse éleva le serpent dans le désert.’

‘Où sera ton trône, o Messie ? Chasseras-tu les Romains de la cité de David et régneras-tu là ?’

 

‘Tu me verras pourtant sur mon trône, o Amos, élevé au-dessus de la terre et attirant tous les hommes à moi.’

 

‘Auras-tu ton trône dans les nuages du ciel, o Maître, que tu seras élevé au dessus de la terre sur eux ?’ demanda Rabbi Amos.

 

‘Mon trône sera dressé sur le Calvaire et les extrémités de la terre regarderont à moi et reconnaîtront mon empire. Mais tu ne connais pas ces choses maintenant ; mais après, tu te rappelleras que je t’en avais parlé.’

Jésus se leva alors et, souhaitant une bonne nuit à son hôte, Il se retira dans l’appartement qui Lui était assigné et Marie resta à se demander sur ses dires.

Ainsi, cher père, il est certain, par ses propres dires que Jésus est le christ ; qu’Il doit établir un royaume ; qu’il se tiendra sur “un trône haut et élevé” comme l’a dit le Prophète et toute la terre Le reconnaîtra. Mais pourquoi son trône sera-t-il au Calvaire au lieu du Mont Sion, Rabbi Amos s’interroge beaucoup en conversant avec nous aujourd’hui ; car le Calvaire est un endroit des crânes et des exécutions publiques et il est couvert des croix romaines, où chaque semaines, quelques malfaiteurs sont crucifié pour leurs crimes ! Et cependant, c’est encore plus mystérieux quand Il dit que nous devons naître de nouveau. Mais Jean fit remarquer qu’il y a plusieurs choses qu’Il lui dit ainsi qu’à ses disciples, choses que Jésus leur dit clairement qu’ils ne peuvent pas encore comprendre ; mais qu’ils s’en souviendront. Il les leur dit maintenant afin que, quand ils verront ces choses s’accomplir, ils puissent se rappeler qu’Il leur en avait parlé et qu’Ils croient en Lui et qu’ils aient ainsi confiance que ses autres paroles et prophéties, quoique éloignées dans le futur, s’accompliront.

Jésus, dans tout ce qu’Il dit, dans tout ce qu’Il fait, semble être, à la fois, omniscient et omnipotent ! Tout ce qu’Il veut faire, Il le fait. Jamais un homme n’a eu un pouvoir comme celui qui demeure en Lui. Ce matin, au moment où il quittait la maison pour aller à la campagne, un homme boiteux depuis sa jeunesse, assis à l’entrée, Le saisit par sa robe en disant : “Maître, guéris-moi !”

“Fils, tes péchés te sont pardonnés” répondit Jésus et ensuite Il passa ; mais les Scribes et les Pharisiens qui se tenaient dans les environs, ayant entendu cela, crièrent “cet homme, qu’il soit prophète ou non, a blasphémé car Dieu seul peut pardonner les péchés.”[5]

Jésus s’arrêta et, se tournant vers eux, Il dit :

“Qu’est-ce qui est facile à dire à cet homme qui n’a pas marché pendant douze ans et dont les jambes ont flétri comme vous le voyez, ‘ tous tes péchés sont pardonnés ‘ ou dire ‘ lève-toi et marche ‘ ? Si je peux lui dire de se lever et de marcher comme auparavant et qu’il le fait sous vos yeux, n’est-ce pas la preuve que j’ai le pouvoir de pardonner aussi ses péchés ? Car, qui peut le faire se lever et marcher si ce n’est la puissance de Dieu seul, qui pardonne aussi les péchés de tous les hommes ? Mais, afin que vous puissiez savoir que le Fils de Dieu a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés, voici !”[6]

Alors, d’une voix forte, le Prophète dit au boiteux, “lève-toi, prends ton lit et va dans ta maison”.[7]

Immédiatement, l’homme se tint sur ses pieds, sautant et louant Dieu et, prenant le matelas sur lequel on l’avait amené à la porte, il courut promptement pour se montrer à sa famille, pendant que tout le peuple criait et louait Dieu !

Ainsi, Jésus montra publiquement aux hommes qu’Il pouvait pardonner les péchés, s’il pouvait guérir – étant donné que le pouvoir de faire l’un et l’autre vient également de Dieu. Ce pouvoir ne prouve-t-il pas qu’Il est le Fils de Dieu ?

Tu devrais L’avoir vu, cher père, au moment où Il quitta notre maison pour aller ailleurs en Galilée. Marie et moi tombâmes à ses pieds et les mouillâmes de nos larmes. Rabbi Amos, et même Nicodème, s’agenouillèrent devant Lui, avec beaucoup d’autres, demandant ses bénédictions ; des mères vinrent avec leurs enfants afin qu’Il puisse poser ses mains sur eux ; et les malades et les impotents furent placés par leurs amis sur son chemin afin que, en passant, son ombre puisse les guérir. Des centaines apportèrent des mouchoirs, des amulettes, de brins de conifères, arrachés des tentes, afin qu’ils soient mis au contact de ses vêtements. La rue était remplie de tous les affligés de Jérusalem. Et pendant qu’Il se déplaçait entre les rangées de malheureux infortunés, dont les yeux creux et les bras recroquevillés étaient tournés vers Lui, implorant pitié, Il guérit par des paroles leur étant adressés si bien que là où Il trouva la maladie devant Lui, des estropiés sur les lits, Il laissa derrière Lui la santé et des couches vides. Nous pleurâmes tous à son départ et Le suivîmes jusqu’à la porte de Damas.

Ici était assemblée un large groupe de Lévites et Sacrificateurs, parmi lesquels il y avait des gens, à Jérusalem, prêts à tout. La connaissance de ce fait parvint à Rabbi Amos qui, aussitôt, envoya un message à Aemilius, notre ami Romain, l’informant qu’il appréhendait un attentat pour assassiner Jésus à sa sortie de la porte et demandant son aide.

Aemilius se mit en tête de cinquante chevaux et atteignit la porte. Il repoussa la foule et pris possession de la porte. Quand Jésus passa à travers les gardes armés sous l’arc, le jeune Romain Lui offrit courtoisement de L’escorter jusqu’au prochain village.

Jésus, le regardant gracieusement, dit :

“Jeune homme, je n’ai pas besoin de ton aide. Mon heure n’est pas encore venue. Ils ne peuvent me faire aucun mal jusqu’à ce que mon heure arrive. Je n’ai pas encore été livré par mon Père entre leurs mains. Prends ma bénédiction et un jour tu sauras à qui tu as offert l’aide de ta troupe.”

Les Lévites et les assassins qu’ils avaient engagés s’avancèrent alors et forcèrent la cohorte pour atteindre Jésus, poussant des cris sauvages et effrayants. Mais Aemilius, chargeant les dérouta et fit souffrir plusieurs par l’épée. Ensuite,  il chevaucha à côté du Prophète, lui offrant le meilleur cheval en sa possession. Jésus refusa cette offre mais marcha à côté du soldat Romain, qui insista afin de L’escorter, conversant affablement avec lui et lui enseignant de merveilleuses choses concernant le royaume de Dieu.

Aemilius, qui m’informa de ces choses, Le conduisit aussi loin qu’Ephraïm et il était sur le point de Le quitter pour retourner dans la ville quand quatre lépreux sortirent du cimetière, proche du village, et, criant de loin, ils dirent :

“Toi, Christ béni, aie pitié de nous !”

 

Jésus s’arrêta, quoique son disciple Pierre ai dit aux lépreux de se calmer, étant donner qu’il se faisait tard et son Maître était fatigué. Mais Jésus, qui ne se lasse jamais de faire du bien, dit aux lépreux de s’approcher. Comme ils obéirent, tout le groupe de gens, aussi bien que les soldats romains, reculèrent et se tinrent à distance, horrifiés à la vue de ces morts-vivants. Ils vinrent timidement à moins de vingt pas de Jésus et se tinrent calmes, tremblant !

“N’ayez pas peur”  dit-Il  “je vais vous restaurer”.

Il s’avança alors vers eux et, posant sa main sur chacun d’eux, ils furent tous, au toucher, instantanément changés en des hommes purs, avec un regard limpide et une santé florissante.

Quand Aemilius vit ce miracle, il descendit de son cheval et, tombant aux pieds de Jésus, il s’écria en L’adorant :

« Tu es Mercure ou Jupiter, o puissant dieu ! Donne-moi la sagesse et la puissance venant des cieux !”

 

“Lève-toi jeune homme” répondit Jésus, le regardant avec tristesse “tu auras la sagesse et la grâce mais non de tes dieux ; il n’y a qu’un seul Dieu ; adore-Le et Il te récompensera !”

Aemilius me dit que son cœur tressaillit à ces paroles, avec d’autres qu’Il avait dîtes en chemin, et il me promit que dorénavant il allait “jeter ses dieux et croire dans le Dieu d’Israël et en Jésus, Son saint Prophète.”

Ne sont-ce pas des nouvelles bénies ? “Voici ! » s’exclame-t-Il, comme le dit le Prophète “la liberté des Gentils”.

Maintenant, mon cher père, j’ai ainsi fidèlement écrit tout ce que j’ai entendu et vu concernant Jésus, comme tu le désires. Tu dois comprendre qu’Il est plus qu’un prophète et doit être le vrai Christ, le Fils du Béni. Retiens, oh ne retiens plus ta foi. Des milliers croient en Lui, L’aiment et Le vénèrent comme le Messie. Chaque jour, son pouvoir sur les cœurs et les esprits des hommes augmente. Le peuple ordinaire adore la poussière même de ses sandales. Les prêtres croient et tremblent ; mais, comme Hérode, quand Il était enfant à Béthléhem, ils le détruiraient, de peur qu’Il ne le supplante. Ils disent que le sacrifice journalier va cesser, le Temple tomber en ruine et la foi d’Israël partir si on laisse Jésus vivre, prêcher et accomplir ces puissants signes et merveilles parmi le peuple. Mais tout ceci confirme ses affirmations ! David ne prophétisa-t-il pas sur le Messie, quand Il viendrait : “Les rois de la terre se soulèveraient et les dirigeants se ligueraient contre l’Eternel et contre son Oint ? Mais Celui qui siège dans les cieux rira, le Seigneur se moquera d’eux.”[8]

Ainsi, cher père, toutes choses vont de plus en plus dans le sens de prouver que Jésus de Nazareth est le Christ de Dieu.

Ton affectueuse fille,

Adina.

[1] Jean 3 :2

[2] Jean 3 :3

[3] Jean 3 :4

[4] Jean 3 :5-7

[5] Marc 2 :7 ; Luc 5 :21

[6] Marc 2 :8-10 ; Luc 5 :22-24

[7] Marc 2 :11 ; Luc 5 :24

[8] Psaume 2 :2 ; 2 :4   Note du traducteur